Actifs patrimoniaux à part entière, les oeuvres d'art permettent de
diversifier son patrimoine de manière plaisante. Mais comme tous les
marchés, celui des oeuvres d'art répond à des règles spécifiques. A
l'occasion de la dernière université des CGPI, Delphine Brochand,
fondatrice de Fin'Art Consulting l'a résumé ainsi devant un auditoire
de conseillers en gestion de patrimoine, passionnés par le sujet : "ce
marché est composé de différentes spécialités. Une multitude de
données, tant rationnelles qu'irrationnelles le régulent et la seule
cote officielle le concernant est celle des enchères."
En 2011, il a totalisé pas moins de 20 milliards d'euros, soit
l'équivalent de quatre jours d'échanges sur le CAC 40. La transaction
moyenne s'est établie à 15.000 euros et le dernier record en date a été
réalisé avec une peinture de Picasso cédée pour 106 millions de
dollars, soit environ 80 millions d'euros.
En France, plus de la moitié des ventes aux enchères (1.142 millions
d'euros en 2010) concerne des objets artistiques, notamment du fait de
la vente d'objets d'art contemporains qui a quasiment triplé entre 2009
et 2011. Notre pays se situe au quatrième rang mondial après la Chine,
les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Marché en croissance
Mais, aujourd'hui, pourquoi investir dans une oeuvre d'art ? "Il
s'agit d'un marché en pleine croissance sur lequel la notion de plaisir
est centrale. La protection de l'investisseur y est généralement forte
et les transactions sécurisées. La fiscalité y est attractive, par
exemple pour les assujettis à l'impôt de solidarité sur la fortune, et
plusieurs stratégies d'optimisation patrimoniale peuvent être mises en
place", détaille Eric Bachmann, le dirigeant de Patrim'Art, un cabinet
de conseil en investissement artistique et patrimonial. Il rappelle par
ailleurs qu'il s'agit là d'un investissement procurant une satisfaction
liée à sa possession. Son acquisition allie donc les avantages d'un
investissement patrimonial et le plaisir de détenir un objet artistique.
"Nos clients n'affichent pas leur relevé d'assurance-vie, de compte
titres ou leurs actes de propriété, mais ils présentent bien volontiers
leurs oeuvres d'art à leur entourage", note le conseiller.
De son côté, Delphine Brochand indique qu'il ne faut pas consacrer
plus de 5% à 10% de son patrimoine global à l'art et rappelle deux
grands principes que tout investisseur se doit de respecter : "Préférer
une oeuvre majeure à plusieurs oeuvres de qualité moyenne et
sélectionner le chef-d'oeuvre d'un artiste de second plan plutôt qu'une
oeuvre moyenne d'un grand maître." Elle suggère aussi d'acquérir les
artistes à contre-courant et d'éviter les artistes trop spéculatifs.
"Les oeuvres d'art ne sont pas des valeurs refuges, elles doivent être
considérées comme des investissements à part entière, qui peuvent donner
lieu à des avantages fiscaux", ajoute-t-elle.
1 - Optimisez vos investissements en oeuvres d'art
Comme avec les autres actifs patrimoniaux, la bonne gestion commence
par un bon achat. Il faut donc rechercher l'oeuvre, en fonction de ses
préférences artistiques, étudier les cotes des oeuvres récemment
négociées et situer l'artiste dans le marché. Est-ce la bonne période
pour acheter ?
Mieux vaut en effet ne pas se précipiter sur l'oeuvre
d'un artiste en vogue. Enfin, il vous faut obtenir confirmation de
l'authenticité et de la qualité de l'oeuvre concernée.
Il faut
aussi optimiser ses conditions de conservation. Choisir le lieu où
l'oeuvre sera gardée : un domicile ou un coffre, et négocier un contrat
d'assurance adapté. Quelle que soit la solution retenue, les experts
recommandent d'estimer régulièrement les oeuvres détenues, de remplacer
éventuellement les encadrements ou supports afin de les valoriser et,
le cas échéant, les présenter dans le cadre d'expositions afin d'en
améliorer la renommée.
La vente peut, elle aussi, être optimisée.
Après avoir analysé les dernières transactions, il faut définir le
canal de revente et choisir entre ventes aux enchères ou gré à gré.
L'identification des acheteurs potentiels et des grandes ventes
susceptibles de réunir les amateurs de l'artiste en question peut
significativement impacter le prix de revente final. Enfin, il faut
s'informer des opportunités fiscales qui peuvent permettre d'échapper à
la taxation sur les plus-values.
2 - Sollicitez un conseiller en investissement artistique
Dans le domaine de l'art, avoir recours à un expert est une évidence
pour éviter les nombreuses mauvaises surprises. Depuis quelques années,
on peut aussi s'adresser à un conseiller en investissement artistique.
Il s'agit d'une profession récente en France, apparue il y a à peine
cinq ans. Ces professionnels, qui sont moins d'une dizaine dans le pays,
se positionnent comme des intermédiaires "entre les désirs des clients
et l'acte d'achat". Leur activité est orientée vers la recherche des
meilleures opportunités sur les marchés d'oeuvres d'art, de collections
ou d'antiquités.
Cette quête se fait avec l'aide de
commissaires-priseurs et d'experts. Ils peuvent aussi se charger de la
gestion, de l'optimisation de la détention et de la transmission du
patrimoine artistique.
Ils interviennent auprès de leur propre
clientèle mais aussi pour le compte de la clientèle des conseillers en
gestion de patrimoine indépendants (CGPI) et d'établissements
financiers comme les banques privées.
Ils font intervenir marchands
et galeries, courtiers, collectionneurs, maisons de vente et artistes.
L'émergence de cette profession coïncide avec le développement du
marché de l'art auquel elle apporte une approche globale de la
question, donne accès à des segments de marché généralement opaques aux
néophytes, et apporte indépendance et transparence sur ledit marché
tout en sécurisant les transactions.
3 - Rendez-vous dans les salles des ventes
N'hésitez pas à regarder les programmes des expositions à venir et à
pousser la porte des hôtels de ventes. À Paris, un passage à Drouot est
toujours un moment d'exception, même lorsqu'on s'y rend sans objectif
précis.
La règle d'or que vous devez garder à l'esprit : ne pas se
précipiter pour enchérir. Les opportunités de se faire plaisir sont
nombreuses et l'univers artistique est suffisamment large pour
compenser une enchère manquée par l'achat d'une autre oeuvre.
N'hésitez pas à visiter les expositions préalables à toute vente,
soumettez au personnel des études toutes les questions que vous pouvez
vous poser.
Construisez-vous une vraie culture non seulement pour
éviter un mauvais achat mais aussi tirer pleinement parti de l'oeuvre
que vous allez potentiellement acquérir.
Nicolas de Moustier,
directeur général de Tajan rappelle : "Il n'y a de bon premier achat
que celui qui allie le plaisir au besoin et qui se fait au juste prix.
En d'autres termes, n'enchérissez que sur un objet qui vous plaît
vraiment et dont vous aviez identifié le besoin ou l'intérêt décoratif.
Et surtout, à moins qu'il ne s'agisse d'un authentique coup de coeur,
restez dans la fourchette de l'estimation du commissaire-priseur."
Enfin, lors de l'achat, il est important de tenir compte des frais
perçus, voisins de 20% hors taxes et des éventuels frais de transport
pour les oeuvres de grande taille.
4 - Utilisez Internet comme source d'information
Si vous êtes novice, il est recommandé de commencer par quelques
clics sur Internet, histoire de se familiariser avec l'environnement et
le jargon du monde de l'art et des enchères.
Cela permet de
s'informer facilement sur les ventes à venir via des sites comme
www.interencheres.com ou www.auction.fr. Internet regorge aussi
d'informations sur les artistes, leur biographie, les oeuvres. On y
trouve des sites dédiés créés par des passionnés ou d'autres créés par
les artistes eux-mêmes.
A cela s'ajoutent les galeries d'art en
ligne, les sites d'information spécialisés, les sites d'enchères qui
peuvent fournir une première indication quant à la valeur d'une oeuvre,
les vitrines des plus grandes maisons de vente comme celles dédiées
aux jeunes artistes, ainsi que des sites de location d'oeuvres.
Pour aller plus loin, on peut aussi s'informer sur les transactions
réalisées lors des ventes via des sites comme Artprice et Artnet qui
sont des références internationales pour les collectionneurs.
On y
retrouve un historique des adjudications, très utiles pour définir le
lieu et le prix auquel une oeuvre peut se négocier dans le meilleur
intérêt du vendeur.
Enfin, certaines sociétés de conseil sont également présentes sur le Web. Artfinding.biz ou
encore Patrim'Art y développent leurs offres et donnent quelques
indications sur le fonctionnement du marché, sur la fiscalité et sur
leurs partenaires.
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